« Ils s’appellent les « Sleepings Giants », en référence à ces forces en sommeil qui, quand on les réveille, deviennent colossales et inarrêtables. »
Les Sleeping Giants sont les membres d’un groupe existant presque uniquement sur Twitter, et qui passent la majorité de leur temps libre à regarder des médias de droite et du centre, afin de les afficher en public pour dénoncer leurs articles qu’ils considèrent comme haineux, mais surtout pour afficher les marques qui y ont des publicités !
Le but est que ces marques soient inquiètes de prendre un bad buzz, et cèdent en censurant les médias cibles. La finalité avouée est de faire couler ces médias, ou de réduire au minimum leur activité du fait d’une baisse de financements publicitaires.
Cette pratique de “deplatforming” relève de ce qu’on pourrait appeler “wokisme”. En effet, l’idée de ce courant, né dans les universités françaises et développé aux Etats-Unis, est que les discours, la vérité, le fond, ne sont pas aussi déterminants que les rapports de domination et la capacité à se faire entendre d’un maximum de gens.
Sur Twitter, si vous voulez débattre avec les Sleeping Giants, le blocage vous attend : il n’y a pas de justification à donner à l’extrême droite.
Comme chez Trotsky, la révolution est permanente, et la division entre les citoyens lui est nécessaire. C’est pour cela que les Sleeping Giants vont toujours chercher des médias de plus en plus populaires, de plus en plus modérés, pour leur reprocher des choses que même l’Arcom ou les commissions déontologiques ne relèvent pas d’ordinaire.
Matt Rivitz le dit, il faut “apporter une sorte de conscience”. Il faut illuminer la société (et ses acteurs comme les entreprises). Et cela passe par des méthodes innovantes.
Les Sleeping Giants ne produisent pas de garanties en matière de transparence, de conflits d’intérêts ou de financements, mais leur compte Twitter (seule plateforme régulièrement active) suffit à leur donner une légitimité auprès des entreprises et des politiques.
Protester contre les Sleeping Giants au nom de la liberté d’expression, la liberté de la presse ou la démocratie est dépassé : ce sont des valeurs qui, pour être protégées, ont besoin de purification. La liberté d’expression, oui, mais pas partout, pas pour tout le monde, pas sur tous les sujets.
– Histoire –
En France, lancé par deux activistes se disant apolitiques, les Sleeping Giants débarquent début 2017. Ils sont rejoints par une équipe allant jusqu’à une vingtaine de personnes.
Sleeping Giants France s’attaque d’abord à des sites français peu connus et considérés comme d’extrême droite, déjà ciblés par des interdits judiciaires en France, comme Breizh Atao ou Democratieparticipative.
La logique est simple : Sleeping Giants sont arrivés en luttant contre des nazis, Sleeping Giants sont donc des chasseurs de nazis, donc toutes les cibles des Sleeping Giants à l’avenir seront associables au nazisme.
SG France a ensuite attaqué des médias, cette fois légaux, de plus en plus populaires et de moins en moins radicaux. Boulevard Voltaire, Valeurs Actuelles, CNEWS, mais aussi parfois l’Express, Marianne.
Le Figaro est aussi de temps en temps attaqué par les Sleeping Giants, qui voudraient pouvoir en faire une cible régulière. Ils relèvent pour cela des faux pas plus ou moins évidents du journal, jusqu’à traiter des juifs de nazis, appeler au harcèlement de ses journalistes ou à considérer les punks et les zadistes comme des minorités ethniques.
Sud Radio ou les Grandes Gueules de RMC leur font envie aussi, mais beaucoup de temps libre est déjà dédié à lire et regarder des médias que les Sleeping Giants ne supportent pas, et à contacter les marques qui y font de la pub : c’est difficile de le faire en plus pour une radio !
Beaucoup de publicités ont été retirées de Valeurs Actuelles à cause des Sleeping Giants, ainsi qu’en 2019 à CNEWS ou TPMP.
Cependant, depuis bientôt trois ans, est apparue l’opposition des Corsaires, un groupe de justiciers du web autoproclamés.
Ils s’opposent aux Sleeping Giants, et ne peuvent donc être que des défenseurs de la haine. Les attaques lancées par les Sleeping Giants contre les annonceurs TV sur CNEWS, TPMP ou M6 sont depuis restées quasi totalement sans réponse.